Démarche

Bruno Lebon, peintre, est fasciné par les techniques picturales anciennes, notamment par la tempera grasse sur panneau ou sur toile. Il les affectionne particulièrement parce qu’elles imposent une lenteur dans la réalisation, laquelle s’oppose et contrebalance le rythme effréné et trop souvent stérile de la vie contemporaine. Pour autant, dans une perspective très augustinienne, ce cadre contraignant devient, pour lui, un espace de liberté et de créativité unique.
L’artiste procède par collages mentaux, recouvrements et juxtapositions de motifs inattendus. On y trouve, entre autres choses, des yeux, des écouteurs, des épouvantails, des chaussettes... Ces formes peuvent prendre un aspect ectoplasmique, un peu dans l’esprit de certaines peintures de Philip Guston, mais aussi afficher la joyeuse truculence d’un James Ensor ou recourir à de très cézanniennes natures mortes aux pommes... Ces sources hétéroclites, qui peuvent évoquer la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie de Lautréamont, chère aux surréalistes, sont cependant structurées en de denses compositions d’une grande cohérence visuelle.
On suspecte, à juste titre, une immense culture picturale qui plonge ses racines dans les grands classiques, tout en échappant aux pièges du plagiat ou de la citation trop directe. Sur cette improbable scène de théâtre que devient le tableau, le regardeur est invité à s’approprier les enjeux d’une pièce jouée pour lui seul et pour son seul plaisir.

Louis Doucet > Critique d’art / Curateur > MacParis printemps 2023

À propos

Bruno Lebon vit et travaille à Reims.
Né en 1967, Il appartient à une génération qui a vécu la fin de la guerre froide, grandi avec l’explosion des mass media et l’arrivée de l’internet. Son univers emprunte naturellement à la télévision, la bande dessinée, aux cartoons et autres séries télévisées, cinéma, publicité etc.
Après des études de Peinture aux Beaux-Arts, il a cessé toute pratique picturale par choix, pour s’adonner à l’infographie, son « démon », et a exercé pendant une quinzaine d’années dans les domaines du print et du WEB.
Obéissant à une « nécessité » intérieure, Bruno Lebon est ensuite retourné à la peinture, nourri des modes opératoires de l’image numérique qu’il réinjecte dans le processus de création du tableau. Un hémisphère du cerveau « numérique » et l’autre, « pictural » plaisante l’artiste… Il expose son travail, réalise des fresques, s’essaie aux NFT et anime aussi des ateliers artistiques...
Parallèlement, Bruno Lebon poursuit des activités dans le théâtre au sein de la troupe Le Facteur Théâtre depuis plus de huit ans.